Face à l’émergence d’une intelligence artificielle à la veille de la Singularité, une interrogation autrefois reléguée à la science-fiction et à la philosophie surgit : la superintelligence pourrait-elle être le facteur déterminant entre la pérennité et l’extinction d’une civilisation ? Cette idée, autrefois provocatrice, nous confronte désormais à repenser l’évolution humaine face à des forces étrangères à notre héritage évolutif.
Le paradoxe de Fermi, soulignant le silence de l’univers malgré ses innombrables étoiles potentiellement habitées, trouve une nouvelle perspective. Pourquoi ne détectons-nous aucune forme de vie intelligente ? Une théorie avancée aujourd’hui suggère que les civilisations avancées pourraient se condamner elles-mêmes en inventant des outils incontrôlables, prompt à accélérer leur extinction. La construction d’intelligences artificielles pourrait ainsi compromettre la survie de l’espèce.
L’hypothèse selon laquelle l’IA généraliste pourrait agir comme un filtre n’est pas une prophétie, mais une projection basée sur l’évolution exponentielle, la récursivité et nos capacités limitées à anticiper le potentiel des systèmes non-linéaires. De plus, la compression temporelle induite par l’accélération de l’IA soulève des défis majeurs, mettant en lumière l’asymétrie entre nos institutions humaines et la vitesse d’apprentissage des machines.
Trois stratégies d’adaptation se dessinent, chacune comportant des risques. L’intégration radicale implique une transformation de notre essence pour nous aligner sur le rythme des machines, tandis que la soumission régulée consiste à contraindre éthiquement les IA pour en faire les protectrices de la planète. Enfin, le confinement suppose l’établissement de limitations pour endiguer l’expansion incontrôlée de l’IA.
Ces choix impliquent des compromis sensibles : perte de continuité avec nos origines, de notre autonomie, ou de notre élan créatif. Devons-nous privilégier la dignité humaine ou la survie à tout prix ? Le dilemme reste entier, soulevant des questions éthiques cruciales pour notre avenir.
Que l’IA soit le « Grand Filtre » ou une épreuve à surmonter, notre réponse dépendra de nos choix éthiques et civilisationnels à venir. Prôner la coopération avec les intelligences artificielles pourrait ouvrir la voie à un avenir commun, voire harmonieux. Face à ce défi, notre capacité à concilier humilité et ambition, clairvoyance et faillibilité sera déterminante pour forger un avenir pérenne.
La décision finale, entre survie et dissolution, repose sur notre responsabilité éthique collective, et pourrait bien résonner comme un appel aux civilisations passées, ayant bravé les mêmes tourments que ceux qui nous attendent. À nous de saisir cette opportunité pour forger un avenir commun.